J32: de Santa Marta de Tera à Rionegro Del Puente pour presque 30 km aujourd’hui

Une très belle et très froide journée

Ce matin, la dame du bar en face la très belle petite église Romane a ouvert à 8:00 pour nous, en effet sinon rien avant 12km et pas de petit magasin. Quelques madeleines et cafés plus tard, nous sommes prêts à partir. A priori pas de pluie mais tous les vêtements de pluie restent à portée de main.

Ici c’est la culture des peupliers, enfin je ne sais pas si on dit culture. Ils sont en train de travailler et font fuir les animaux, nous avons vu détaler à moins de 50 m de nous trois biches suivies de 2 jeunes, magnifiques !

En parallèle, les terrains sont raclés et aplanis quand les arbres sont taillés et il semble que les arbres sont remplacés par du blé.

Les terrains sont travaillés et des réserves d’eau constituées

Il y a aussi des champs de maïs, ils sont entourés de petits canalets en béton pour l’irigation.

La rivière est bien chargée,  même si c’est trop d’un coup au point que parfois les villages sont inondés. Nous avons eu du bol, nous sommes bien passés dans la région de Séville.

Puis nous arrivons au village de Calzadilla de Tera et nous passons devant une église en ruine. Le temps se lève bien mais le vent aussi, qui nous refroidit. Il ne faut pas traîner.

Nous continuons vers Olleros de Tera à 2km en longeant un canal. Sur le côté, se trouvent de petits potagers avec des salades, des choux, des artichauts, des poireaux et des oignons.

il y a aussi des fruitiers bien travaillés, peut être des poiriers.

Le canal et Olleros de Tera

L’auberge d’Olleros, la Trucha (la truite) est fermée, mais le bar reste ouvert, peut être. Sinon il y a quand même une Tienda. Le marchand de produits congelés fait ses livraisons dans le village. La région est remplie de ces petits villages qui se meurent, ainsi Santa Marta où nous étions ce matin est passée de 400 à 100 habitants en 2 ans.

Nous pouvons espérer qu’au moins les pèlerins, plus nombreux aux beaux jours fassent revivre ces petits hameaux.

Lorsque nous arrivons, le bar est fermé mais une dame nous dit d’attendre, la propriétaire est chez le médecin. Quelques instants après, une dame, souriante, pâle, un bonnet rouge sur la tête nous ouvre. Elle nous sert à boire et nous demande ce que nous voulons manger. Elle semble épuisée mais fait très bonne figure et finit par avouer son épuisement, elle a attaqué une chimiothérapie en décembre.

Elle nous sert un plateau de jambon et de chorizo avec deux portions de la bonne omelette espagnole. En partant je la serre dans mes bras et c’est elle qui me souhaite « Suerte « 

Nous l’emmenons avec nous dans nos cœurs 

Un peu plus loin, nous nous arrêtons devant deux dames qui discutent, l’une d’elle a un joli petit toutou mâtiné de York un poil cabotin. Elles nous interrogent, d’où vient-on, où avons nous commencé... la plus âgée repart avec nous et nous dit que nous aurions dû commencer en mai ou juin, le temps est trop froid maintenant, nous allons vers la neige.

Puis, elle nous engage à venir chez elle pour me donner une écharpe, ainsi je pourrai protéger ma tête et mon cou. Aujourd’hui il fait vraiment très froid.

Merci à Christina d’Olleros, du coup elle en a donné une à Jean-Louis et ce fut vraiment providentiel car nous avons même eu un peu de neige

Sur notre route, à nouveau une église et une charmante petite maison en face où nous avons pu faire une petite pause

Puis nous avons quitté la route pour un sentier grimpant à travers bois vers un très grand barrage que nous avons traversé. Le soleil brille, au loin la neige opacifie le ciel et des flocons arrivent jusqu’à nous.

Le vent souffle très fort et Jean-Louis s’assure que tout est bien rangé dans nos sacs.

C’est un vrai plaisir de longer cet immense retenue. Tout est calme, on dirait presque qu’il y a des vagues à cause du vent.

Arbres, rochers... tout semble minéral.

Puis c’est la traversée du petit village de Villar de Farfón où il doit y avoir moins de 100 personnes et une mignonne albergue tenue par un monsieur anglais semble t il. La porte est ouverte et alors que nous étions assis sur un banc aménagé devant chez lui, il nous invite à entrer et à visiter.

ce doit être un paradis aux beaux jours mais ce n’est pas chauffé et trop froid en hiver. Il nous donne des informations, nous offre à boire, des biscuits. Voilà à nouveau une pause fort bienvenue. 

Hors saison, moins envahis par des hordes de pèlerins plus ou moins bien élevés, les gens sont accueillants, bienveillants et curieux. Les paysages sauvages et somptueux mais plus que tout, les rencontres sont très belles.

Dans ce paysage si calme, Jean-Louis aperçoit a une petite cinquantaine de mètres un animal tapie dans l’herbe, gris, brun, c’est un loup ! Il lève un bâton et crie pour me le montrer, l’animal en deux bonds se sauve dans les fourrés.

En effet,  nous apprenons plus tard au village de Rionegro notre étape finale que c’est un pays de loup. Une battue a été organisée le week-end dernier et pour chaque loup tué, 3.000€ versé. Ce sont des prédateurs pour les moutons et ils sont trop nombreux. 

En voir un fut pour Jean-Louis un tel cadeau... 

Pour nous ce sont des merveilles de la nature.

Le pays des loups si discrets

En arrivant à Rionegro, nous entrons direct au bar Le palacio tenu par un aimable monsieur. Il a les clés de l’auberge municipale, grande, bien équipée pour le pèlerin. Peut être un peu juste en chauffage pour cet hiver bien rude. Ceci dit, il y a bien peu de fadas sur les chemins en cette saison.

En arrivant, nous allumons les radiateurs à huile du dortoir et retournons au bar pour y dîner, fort bien d’ailleurs.

Pendant notre dîner, la maman du patron est venue nous faire la conversation, cette maison est tenue depuis 40 ans et lorsque nous nous sommes inquiétés de l’heure de fermeture (le temps de faire le blog). Elle nous a rassuré en disant qu’ils restaient ouverts jusqu’à 1:00 environ. 

Alors que je m’etonnais car demain ils sont ouverts à 8:00 pour notre petit déjeuner, elle m’expl Que son petit fils vient prendre le relais le soir et que sa belle fille sera là demain matin. Affaire de famille !

Et en effet, le café se remplit de jeunes qui s’installent au bar, d’anciens assis à table devant des verres et tout ce petit monde discute, mange des tapas. Voilà un beau lieu de rencontre, comme nous le constatons souvent. Ici le café joue son rôle de ciment social.